<< J'ai toujours rêvé d'être paysan, alors que mon père ne l'était pas, mais je ne voulais pas l'être ailleurs que dans ce marais, le berceau de mon enfance.

Mes grand-parents vivaient là, à Mareil, avec quelques vaches pour le lait et le beurre, une parcelle qu’ils cultivaient avec un cheval de trait : une simple agriculture de subsistance basée sur le troc et les coups de mains.

 J’ai attrapé le virus au contact de ce grand-père que j’ai secondé dès mon plus jeune âge. C'est chevillé au corps. Ici on aime le marais, on aime l'eau et on aime les vaches !

 

Mon parcours professionnel fut varié, quoique toujours orienté vers l'agriculture et mes différentes expériences agricoles, para-agricoles et commerciales m'ont permis de voir ce qui se faisait ailleurs. Je fus ainsi conforté dans mon choix d’établir un système d’exploitation respectueux du territoire, tenant compte des contraintes de l’élevage et sans perdre de vue la cohérence économique. 

 

L’exploitation, située entre Nantes et Saint-Nazaire était principalement tournée vers le marais et, plus particulièrement vers une île de l'estuaire de la Loire où se pratiquait un pâturage collectif. En 2009, avec ma sœur Alice, nous avons choisi d’y installer un élevage conduit de manière extensive, démarré avec un cheptel de limousines, une race rustique bien adaptée au milieu.

Disposant de peu de bâtiments, il a fallu réfléchir à la meilleure façon d'hiverner les animaux. Nous avons tiré parti des terres hautes formées de rochers issus des contreforts du massif armoricain en y replantant des haies et en construisant des abris naturels de type "cabane" pour les veaux.

L’hiver nous y déroulons de la litière (de roseaux séchés, fauchés dans les roselières) pour que les vaches se couchent dessus. >>

 


Adapter le bateau au bassin ...

Je m’efforce toujours d’optimiser les interactions entre le milieu naturel et notre activité pour des bénéfices réciproques.

Ce qui me ramène immanquablement au bon sens et à la modération dans les moyens !


 La conversion à l’Agriculture Biologique initiée dès 2008 correspond à une conviction et des choix personnels,

dictés autant par le respect dû à la Nature

(bien-être des animaux, sauvegarde des sols) que par la nécessité de préserver notre santé et celle de nos clients.

Jean Douaud, grand-père de Guillaume

 Jean Douaud, mon grand-père, guidant ses vaches vers le bras de Loire qu'elles traversaient à l'époque à la nage (dans les années 70)

 

Nous avons aussi renoué avec une tradition pastorale locale : nous ramenons les animaux à l'étable ou dans les points élevés l'hiver et nous les descendons au marais l'été. Nous emmenons nos animaux tous les ans sur l'île Chevalier , devenue presqu’île en réalité car un bras de la Loire a été comblé, ce qui nous permet d'acheminer le troupeau par un banc de sable.

Il y a encore une cinquantaine d’années, les agriculteurs de la commune réunissaient leurs troupeaux et attendaient l'étale de la marée pour permettre aux animaux de rejoindre à la nage cette île où ils restaient pendant 6 à 7 mois.

 

Cette transhumance est un temps fort de notre activité. Au-delà de son caractère ‘’affectif’’, c’est une occasion de faire partager nos pratiques, celles des autres utilisateurs du marais (associations environnementales, chasseurs, gestionnaires du réseau hydraulique,…) et de faire découvrir un milieu peu accessible.

 

 Les animaux profitent ainsi de huit mois d’estive sur ces vastes prairies inondables lors des marées, toujours verdoyantes et enrichies par les dépôts alluvionnaires. Un atout indéniable pour la Ferme de Mareil mais des contraintes d’exploitation importantes (suivi du taux de salinité de l’eau, gestion parfois complexe de l’abreuvement, travaux de fauche acrobatiques sur un sol entaillé d’étiers difficilement praticable pour les engins mécaniques,…)


Angus Ferme de Mareil
Quelques vaches Angus sur l'île, surveillées par Harlem